♣Comme beaucoup d’histoires, la mienne commence bien avant ma naissance. Elle débute au Paradis… tout du moins c’est comme ça que j’ai toujours appelé l’île d’Hawaii ou mes parents se sont rencontrés. Dès que leurs regards se sont croisés, ce fut un véritable coup de foudre. Une magnifique histoire d’amour était née et avec elle une adorable petite fille qu’ils prénommèrent Mavis. Ils menaient une existence paisible et heureuse, installés dans un magnifique château en Roumanie où ils se dissimulaient sous l’identité de Lord et Lady Lubov…. Hélas, leur bonheur fut de courte durée ! Des rumeurs circulèrent bientôt sur leur compte. Effrayés à l’idée de vivre à proximité d’une famille de vampires, les habitants les persécutèrent. Incendiant leur château, ils assassinèrent ma mère devant les yeux de mon père. Il n’eut alors guère d’autres choix que de s’enfuir avec son bébé voyant tous ses rêves partirent en fumée avec les ruines de leur château.
Depuis ce jour, mon père se promit de toujours veiller sur moi et de me protéger de la cruauté et de la bêtise des humains. De cette promesse faite à sa fille découla un engagement pris au nom de sa communauté. Avec l’aide d’une armée de zombies, il bâtit « l’hôtel Transylvania » qui devait devenir un havre de paix pour tous les monstres désireux de fuir l’oppression humaine, le temps de vacances bien méritées. C’est dans cet endroit que je grandis et que je développais mes pouvoirs de vampire. Aimée et protégée par un Papa que j’adorais mais un peu trop protecteur, je n’avais jamais le droit de sortir le nez à l’extérieur du château. Durant les 80 premières années de ma vie, cela ne me dérangeait pas plus que cela. Papa avait tout fait pour éveiller en moi une peur et une haine face à l’espèce humaine. Son plan finit cependant par se retourner contre lui ! Ses histoires ne firent qu’agrandir ma curiosité et mon envie obsédante de découvrir le monde et de faire connaissance avec ce peuple si terrifiant.
Tout changea dans ma vie lorsque j’atteints l’âge de mes 118 ans. Comme toujours, Papa tenait à préparer une fête incroyable pour mon anniversaire. Cette année était très spéciale pour moi puisque j’atteignais enfin ma majorité ! Cependant ce n’était pas la fête qui m’obsédait en ce merveilleux jour mais la promesse de Papa de pouvoir enfin aller voir le monde qui m’entourait. Je m’étais préparée depuis des semaines pour passer des vacances de rêves sur l’île où mes parents s’étaient rencontrés. Malheureusement pour moi, une petite discussion familiale me freina dans mes projets de grands espaces. Papa m’autorisa à quitter le château mais seulement pour me rendre dans le prochain village humain. Selon lui, je ne pouvais pas me permettre de manquer ma fête d’anniversaire ! Je ne fis pas de caprices, après tout m’autoriser à quitter le nid était déjà une grande victoire en soi.
Après quelques recommandations de mes proches, j’abandonnais ma maison et sous la forme d’une chauve-souris, j’arrivais bientôt à destination. Je fus quelque peu déçue de découvrir un village désert et silencieux. Les humains étaient probablement tous chez eux. C’était dommage mais cela ne m’empêchait pas de m’extasier devant toutes les merveilles que je pouvais observer au travers des belles et grandes vitrines des magasins. Soudain, un groupe d’humains des plus belliqueux apparut et me fit immédiatement comprendre que je n’étais pas la bienvenue ici. Après avoir essayé de négocier avec eux, je compris que toutes les histoires que Papa m’avait racontée à propos des humains étaient vraies. Attristée et très déçue, je quittais le village me promettant de ne jamais revenir dans le monde des humains.
J’étais alors loin de me douter de la surprise que j’allais trouver en rentrant chez moi. Un invité des plus inattendus, Jonathan Loughran, s’étaient glissés parmi la foule des convives de la soirée. Humain et globe-trotter invétéré, il s’était égaré dans la forêt et était parvenu à se frayer un chemin jusqu’à l’hôtel. Ni les fantômes, ni les zombies n’étaient parvenus à l’effrayer. C’était à présent à Papa de régler la situation et le faire quitter le château au plus vite. Craignant plus que tous que les monstres découvrent cet humain dans son hôtel, il le dissimula sous les traits d’une créature de Frankenstein. Il se fit alors appelé « Johnnystein » et mon père nous fit croire qu’il l’avait engagé comme animateur de soirée. Bien sûr, je n’eus connaissance de ces informations que très tardivement. Tout ce qui importait pour moi s’était de passer du temps avec lui. Dès que nos regards s’étaient croisés, le charme avait opéré. Je le trouvais des plus charmants et j’aimais toutes les histoires qu’il pouvait me raconter sur ses excursions de par le monde. Plein d’entrain, il sut mettre de la vie aux activités mornes de l’hôtel et il m’offrit le plus beau des cadeaux d’anniversaire, mon premier lever de soleil et un feu d’artifice qu’il me dédicaça.
Le soir de mon anniversaire, je passais encore beaucoup de temps avec Johnnystein. Nous nous amusions tant et nous finissions par danser ensemble. C’est alors que je compris mes réels sentiments pour lui ! Etre amoureuse pour la première fois, c’était un sentiment tellement grisant et je finis pour l’embrasser pour la première fois. Bien sûr, ce baisé échangé n’était pas du tout du goût de Papa qui l’interrompit immédiatement, reprochant à Johnny d’avoir brisé le début de confiance qu’il avait placé en lui. Me disputant alors avec Papa, il m’avoua que le village n’était qu’une tromperie pour me dégoûter du monde du dehors et de l’espèce humaine. J’étais tellement furieuse… furieuse et perdue parce que je venais d’apprendre que Johnny était humain et non pas un monstre. Cela ne changea rien aux sentiments que j’avais pour lui. Je voulais rester à ses côtés. Johnny me brisa alors le cœur. Désireux de ne pas faire de peine à Papa, il me repoussa en me traitant de monstre !
Tous mes rêves et mes espoirs s’étaient alors envolés. La soirée se termina et je m’isolais sur le toit de l’hôtel. Je découvris alors le cadeau que Maman souhaitait m’offrir en ce jour si particulier. C’était un magnifique livre qu’elle avait elle-même dessiné et qui parlait de son histoire avec Papa et du grand amour. Mais est-ce que cela avait encore un sens pour moi ? Je pensais alors tellement fort que mon amour était Johnny… je voulais juste tout oublié et c’est ce que je demandais à Papa lorsqu’il me rejoint. Il refusa bien évidemment, conscient d’avoir été pour une grande partie responsable de ce malheur. Après m’être confiée à lui, je m’enfermais dans ma chambre où je me promis de ne plus jamais en sortir.
Et puis soudain, comme un miracle, Papa qui s’était absenté toute la soirée revint dans ma chambre avec une belle surprise. Il m’offrit la permission d’aller voir le monde et mieux encore, le droit de le faire avec mon Johnny qu’il était allé chercher l’aéroport. A partir de ce jour-là, Johnny et moi sortions ensemble. Je remarquais très vite que Papa lui-même avait changé. Je ne savais pas vraiment ce qui s’était passé durant son excursion pour retrouver Johnny mais il ne détestait plus les humains. Il leur ouvrit même les portes de son hôtel et ils venaient chaque fois plus nombreux. C’était une nouvelle vie qui commençait pour chacun de nous.
Huit ans passèrent depuis que Johnny avait emménagé à l’hôtel Transylvania. Durant toutes ces années, il travailla aux côtés de Papa comme assistant et il se plaisait bien. J’étais heureuse de voir les deux hommes de ma vie œuvrant côte à côte pour assurer la pérennité de cet hôtel d’un tout nouveau genre. Parfois, il nous arrivait à Johnny et moi de quitter l’hôtel en amoureux pour découvrir le monde des humains. Nous ne partions pourtant jamais bien loin et restions visiter les contrées de l’Europe de l’Est. C’est lors de l’un de nos voyages que mon zing demanda ma main. Bien évidemment, je l’acceptais et le mariage fut célébré dans l’hôtel. Comme toutes les réceptions organisées par Papa, celle-ci fut une vraie réussite. J’étais ravie de faire enfin la connaissance de ma belle-famille et de voir tous mes amis réunis.
Une année plus tard, je tombais enceinte ! C’est au cours d’une soirée de vol en chauve-souris que j’appris la nouvelle à Papa. Il semblait fou de bonheur et hurlait à tout vent que la lignée des comtes Dracula se perpétuerait. En grand-père consciencieux, il fit tout son possible pour s’occuper de moi et s’assurer que je donne naissance à un beau vampire en pleine santé. Personnellement, cela m’était égal de savoir que notre enfant serait un humain ou un monstre mais je ne pouvais bien évidemment pas lui faire entendre raison. Je finis par donner naissance à un beau petit garçon en pleine santé.
Dennis était un enfant absolument adorable… sa chevelure bouclée rousse et hirsute me rappelais beaucoup celle de son Johnny et ses yeux étaient ceux des Dracula. Nous l’aimions de tout notre cœur et je devenais dès lors une Maman à temps plein ! Cependant, plus les années passaient, plus Papa craignait que notre fils ne puisse pas être un vampire. C’était devenu une véritable obsession chez lui. Il ne supportait pas l’idée que j’élève Dennis comme un petit garçon normal, pas plus qu’il n’appréciait le fait que Dennis puisse suivre des cours au milieu d’enfants humains. Comprenant que Dennis était peut-être simplement humain, Johnny et moi nous nous interrogions sur son avenir. S’il n’était pas un monstre, ne valait-il pas mieux qu’il grandisse loin de la Transylvanie dans un univers où il serait considéré comme normal ? J’en fini par en parler à Papa qui fut anéanti par la nouvelle. De son côté, Johnny était heureux de vivre parmi les monstres et ne comptais en aucun cas quitter l’hôtel. C’est pourquoi, ils concoctèrent dans mon dos un plan « infaillible » pour que toute notre petite famille reste unie. Johnny et moi partirions en vacances en amoureux tandis que Papa jouerait les baby-sitters pour Dennis. Selon lui, c’était un plan d’enfer pour faire ressortir le côté monstrueux de notre petit garçon.
Ayant toute confiance en Papa, je ne me doutais pas un instant des aventures trépidantes qu’il allait faire vivre à mon petit Dennis avec l’aide de ses amis. Toute heureuse de partir en vacances avec mon mari, je profitais de tous les petits plaisirs que la Californie pouvait m’apporter ! Dégustation de glaces, démonstration de VTT dans un skate park… le programme était vraiment génial ! Je contactais parfois Papa pour savoir comment notre fils allait et rien ne me laissais présager ce que j’apprendrais quelques jours plus tard. Ce n’est que lorsque j’arrivais chez les parents de Johnny que je compris à quel point je devais leur sembler étrange. Pour que je me sente chez moi, ils avaient décoré notre chambre en train fantôme pour halloween et avaient organisé une soirée avec tous les monstres du coin pour me faire comprendre que je serais la bienvenue ici. Malheureusement, ce fût le contraire qui se produisit. Je me sentais encore plus mal qu’auparavant.
Un soir, je m’isolais sur le toit où je fus bientôt rejointe par mon zing. Heureusement que mon amour de Johnny savait me remonter le moral ! Ce moment de complicité fut bientôt troublé par des nouvelles de la maison qui me mirent hors de moi. Dans sa folie pour transformer mon bébé en monstre, Papa avait décidé de le jeter en haut d’une tour de plus d’une centaine de mètre. Il était persuadé que de cette manière notre fils se changerait en chauve-souris. Il m’avait donc menti et mis la vie de notre fils en danger ? Trop c’était trop !
Sans même attendre une minute, Johnny et moi nous nous rendions à l’aéroport avec la ferme intention de prendre le premier avion pour la Transylvanie. Apprenant que notre correspondance ne serait pas là avant des heures, je me changeais en chauve-souris et m’accrocha au sac de Johnny. C’est ainsi que nous fîmes la traversée de l’Atlantique et que nous finissions par arriver à l’hôtel. Papa et Dennis n’étaient bien évidemment pas là ! Ils arrivèrent avec tous ses amis en même temps que nous. Je n’avalais donc pas ses couleuvres et lui sortit tout ce que j’avais sur le cœur. Dennis ne serait jamais un monstre et nous quitterions définitivement l’hôtel dès que la fête des cinq ans de Dennis aurait eu lieu !
Pour l’occasion, je souhaitais le fêter avec toute notre famille. Au grand damne de Papa, j’avais même convié mon grand-père Vlad. Il n’avait jamais vu son petit-fils et je pensais que c’était une bonne occasion pour que tous les deux puissent enfin se rencontrer. Hors Grand-père Vlad ne supportait pas les humains. Comment pourrait-il réagir en apprenant que Dennis n’était pas un monstre ? le jour de la fête, la moitié humaine de ma famille se masqua donc et Johnny revêtit une tenue de vampire commandé à la hâte sur Internet. Malgré son manque cruel de confiance en lui, mon grand-père cru à la supercherie de mon mari. Papa eut la peur de sa vie lorsque vient le tour de présenter notre petit garçon. Vlad déclara alors que Dennis avait simplement le croc tardif et que lui infliger la peur de sa vie suffirait à lui faire pousser des crocs à la place de ses dents de lait. Durant le spectacle donné par le monstre favori de Dennis, Grand-Père Vlad transforma son héros en un monstre terrifiant. Pris de pitié pour son petit-fils, Papa mit fin à cette expérience traumatisante. Une violente dispute éclata ensuite entre Grand-père et Papa.
Mon pauvre Dennis s’enfuit alors avec sa copine louve-garou Winnie. Il s’en voulait tellement d’être humain et de nous voir sans cesse nous disputer à son sujet ! Ce que nous ignorions alors c’est que Grand-Père Vlad n’était pas venu à la fête tout seul. Il était accompagné de son compagnon Bela, une monstrueuse chauve-souris guidée par la faim et qui n’avait qu’une envie, dévorer mon bébé ! Il s’attaqua aux enfants et la peur de Dennis finit par le transformer en vampire. Avec plein de courage, mon fils combattit Bela pour protéger son amie. Nous arrivions quelques minutes plus tard. Une terrible bataille s’engagea entre Bela et sa troupe de chauve-souris contre toute notre famille, Grand-père Vlad y compris. Nous finissions par l’emporter et toute la famille se réconcilia. Nous décidions alors de rester vivre à l’hôtel ce qui fit la joie de Dennis et de Johnny ! J’étais alors loin de me douter du tour cruel qui nous serait joué lorsque le vœu d’une petite fille m’emporta dans un nouveau monde !
C’était comme un songe, un souvenir enfouis ! Je ne savais pas si tout ce qui m’était arrivé jusqu’à maintenant était la réalité ou simplement un joli rêve. Je me retrouvais plongée dans un univers si différent de celui que j’avais quitté. Dans cette ville, il n’y avait pas de monstres mais juste des humains tout à fait normaux. L’ambiance d’Halloween avait cédé sa place à des ruelles bien aménagées et des maisons on ne peut plus ordinaires. Les pouvoirs qui avaient été les miens dans une autre réalité n’existaient plus. La seule chose qui me restait de mon ancienne vie était mes allergies. Je ne pouvais manger un plat contenant de l’ail et la lumière du jour me faisait atrocement souffrir. Pire que tout, les rayons de l’astre pouvaient me faire des cloques horribles sur la peau. Contrairement à bon nombre de citoyen, je ne me sentais vraiment vivante que la nuit où je débordais d’énergie. Je ne comprenais pas ce qui se passait… comment expliquer que j’avais perdu à la fois ma mémoire et mes pouvoirs ? Je poursuivais cette vie qui n’avait jamais été la mienne. Je travaillais le soir en tant que réceptionniste. La journée, lorsque je ne dormais pas je m’enfermais dans des endroits sombres comme une salle de cinéma ou un musée. Je m’étais découverte une véritable passion pour les films d’horreur et le monde des créatures fantastiques. J'avais même ouvert ma propre galerie au musée de la ville pour partager ma passion pour les monstres. Je ne me serais cependant jamais doutée que j’étais la fille du comte Dracula ! Je me contentais de croire que j’étais une fille bizarroïde, la gothique de la ville !
Et puis un soir, ce fut comme une révélation. Je me rendis compte que mes pouvoirs étaient toujours en moi. Latents certes, mais je possédais toujours d’impressionnante capacité. Ma force et ma vision étaient décuplées. Je pouvais ensorceler des objets et des personnes à distance pour les immobiliser ou pour les pousser à accomplir toutes sorte d’action et je pouvais à nouveau voler… J’étais heureuse et je commençais réellement à croire que ce que j’avais vécu dans mes rêves étaient la réalité ! J’étais redevenue un vampire ! Je ne me doutais alors pas que l’apparition de mes pouvoirs allaient de pair avec l’apparition d’une force obscure qui s’abattait sur la ville !
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