Even though I know it's wrong  I know there's time for one more song| Bill&Nick

Les notes de musique retentissaient dans la pièce (et même plus). Pour une fois, je m’étais mis sur cet horrible appareil nommé synthétiseur (j’ai toujours détesté son son –ça fait deux fois "son", vous aviez remarqué ?- trop.. synthétique…), mais contrairement au piano dit "de base", sur l’engin électronique, on peut régler le son. Comme le mettre trèèèèèèèèèèèèèèèèèès fort (et mieux, avec amplis) pour importuner le voisinage… !

Oh, je sais ce que vous pensez ! "Mais non, mais c’est pas bien, blablabla, tu devrais pas, blabla…" Ce à quoi je vais répondre trois choses : je suis un démon, c’est normal pour moi d’embêter les autres ! En plus, ils peuvent profiter de ma musique gra-tui-te-ment ! Et puis, raaah, vous n’avez aucun humour !

Surtout qu’au lieu de faire d’une pierre deux coups, là j’en faisais trois (décidément, encore "trois" !). Primo, je bossais sur mes chansons ; secundo, j’ennuyais (fooooortement) mes voisins (hahaha !) ; et tertio, je me vengeais ! "Une vengeance ?" (Avec tes yeux exorbités et ta bouche grande ouverte, c’est fou ce que tu ressembles à un poisson, dis donc !) Eh oui, une vengeance ! J’vous explique : il y a quelques jours, je me suis retrouvé en retard à un iiiiiimportant rendez-vous chez mon directeur de label. Et alors que je conduisais de vive allure pour rattraper ce temps perdu, ma plus proche voisine n’a rien trouvé de mieux que de traverser la route devant moi, sa petite canne à la main. Dix bonnes minutes d’attente à cause de son allure d’escargot. Bon, heureusement pour moi, mon producteur a cru en mon mensonge (je lui avais raconté un truc du style "ma cousine est à l’hôpital, elle s’est faite renverser"… -ne dites rien, je sais, j'aurais dû faire mieux), et finalement j’ai pu obtenir ce que je voulais. Maaaaais, la vieille ne devait pas rester impunie ! Sinon je ne m’appelle pas Bill Crypto, hahaha !

C’est pourquoi, à la place de m’installer tranquillement dans mon studio insonorisé à deux pas (littéralement, c’est une dépendance) de ma maison, je m’étais établi dans mon salon aux murs si épais que du carton. Et c’est là que le spectacle commença !

Je ne fus pas surpris en entendant (avec un peu de mal, je l‘avoue) la sonnette. Je me disais bien qu’elle aller envoyer quelqu’un pour faire baisser le bruit (en même temps, elle mettrait une demi-heure pour se déplacer de sa maison jusqu’à ma porte elle-même, alors...).

« Oh déjà ? » Même pas le temps de se défouler un peu sur le clavier !

Le gars, un policier d’après ce qu’il disait, me demanda de baisser le son. Il n’avait pas l’air franchement ravi d’être là. Accrochant un grand sourire à mes lèvres, je lui répondis d’une voix toute innocente :

« Mais bien sûr, je ne pensais pas que cela gênerait les voisins. » Et puis, puisque vos coutumes humaines en font ainsi :  « Voulez-vous quelque chose ? Un verre peut-être ? » Qui sait, je pourrais éventuellement m’en faire un ami. C’est toujours mieux d’avoir un ami flic à ses côtés…