Vous me prenez pour un assistant social ? (Kyo Sohma)

- Tu me prends pour un assistant social ?

Cette question, je l’avais adressée à mon patron sur un ton à la fois colérique et ironique. Est-ce qu’il plaisantait ? C’était réellement ça la raison qui l’avait poussé à me convoquer dans son bureau ce matin ? Pourtant, malgré ma réticence, mon patron n’en démordait pas. Il ne s’agissait pas d’une faveur qu’il me demandait mais d’une mission qu’il me confiait. Je devais veiller sur le jeune élément Kyo Sohma qui avait de sérieux problèmes de comportement. Bagarreur et violent, il s’était plus d’une fois retrouver à agresser les malfrats arrêter par la police. Cette situation était si intolérable pour notre direction que je jeune rouquin s’était retrouvé à gratter du papier au commissariat. Cependant, il ne pouvait rester indéfiniment bloqué derrière un bureau ! La relève manquant, ils décidèrent de le garder et de le placer à nouveau sur le terrain. Ce serait à moi de lui apprendre à canaliser son zèle et sa colère. Compte tenu de mon passé chaotique et de mes tendances à m’emporter, cette remarque me fit bien rire ! N’ayant pas d’autres choix, je « choisis » de relever le défi ! Un claquement de porte avait mis fin à cet entretien.

Comme nous devions prendre notre service durant l’après-midi, je pris l’initiative d’inviter mon jeune collègue à déjeuner. C’était pour moi l’occasion de prendre la température et de m’assurer de sa bonne volonté à s’intégrer parmi les membres de la police locale. A l’heure fatidique, je pris donc le chemin de la cafeteria et m’installais à table un plateau repas en main. Gardant les yeux fixés sur l’horloge, j’attendais avec appréhension l’arrivée de mon nouveau coéquipier. Il finit par me rejoindre et ce fus avec un léger sourire crispé que je l’accueillis.

- Salut Kyo ! Merci d’avoir accepté mon invitation. Je t’en prie, assieds-toi !  

Lorsque j’aperçus le jeune Kyo Sohma pour la première fois, je fus surpris d’apprendre que ce dernier était un dur à cuir. Jeune homme dans la vingtaine, il semblait assez fétiche pour savoir prendre le dessus sur les caïds de la région. Toutefois, je savais qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences. Le jeune homme avait pu se spécialiser dans une discipline lui permettant de mettre à profit son poids plume. Les arts martiaux peut-être ? Oubliant peu à peu mes cogitations, je concentrais sur les présentations qu’il était bon de faire pour vivre en bonne intelligence avec autrui. C’est sans doute ce que m’aurais dit Kowalski même si en l’occurrence cette discussion avait un goût amer.

- C’est cela ! Je crois que je n’ai pas encore eu l’occasion de faire ta connaissance. Tu es dans le service depuis quand ?

La question était peut-être posée à la va-vite mais je n’aimais pas perdre mon temps en veine politesse. Nous allions être coéquipier et pour le moment, Kyo n’était rien de plus pour moi qu’un nom sur une feuille de papier. C’était le moment où d’un simple nom, je me retrouvais confronter à la personne. Je souhaitais donc apprendre le maximum d’informations sur lui. Il fallait que je sache qui j’avais en face de moi. La petite remarque du jeune homme sur la nourriture de la cafeteria me fis faiblement sourire. Je ne pouvais que l’approuver. La nourriture de cet endroit était tout à fait exécrable et instaurer un peu de nouveauté dans leur menu aurait été la bienvenue.

- J’en conclus donc que tu n’es pas originaire des Etats-Unis, d’où viens-tu exactement ?

Kyo s’interrogea alors sur la raison de nos patrons de nous avoir mis en équipe ensemble. C’était une question que je ne cessais de me poser à moi-même. Depuis mon arrivée dans cette ville, j’avais pris l’habitude de travailler en solo. La plupart des missions étaient des interventions de routine et je ne comprenais pas pour quelle raison j’aurais eu besoin d’un gamin comme lui. Toutefois, je gardais mon jugement pour moi. Peut-être que cette collaboration m’apporterait bien plus que je ne pouvais imaginer.

- Je me permettrais de répondre à ta question par une autre. Pour quelle raison as-tu tenu à t’engager dans la police de la ville. Si tu tenais tant que cela à brutaliser des personnes, il aurait peut-être mieux valu pour toi de t’engager dans le sport professionnel ou comme garde du corps. Pourquoi as-tu choisi cette profession en particulier ?

La question semblait étrange mais au moins le message était clair ! Je tenais à savoir si le jeune homme qui se tenait en face de moi n’envisageais sa carrière que comme un moyen de se défouler ou si de véritables ambitions se cachaient derrière ses débordements et ses mauvais comportements. Il me demanda alors ce que nous allions faire aujourd’hui. Nous n’avions rien de pressant en ce moment et notre ronde ne commencerait qu’en fin d’après-midi. Je lui souris alors en déclarant.

- J’ai entendu dire que tu débrouillais plutôt bien au combat au corps à corps. Ca te dirait qu’on se fasse un petit entraînement avant de patrouiller en ville ?